Clubs de loisirs seniors à Lyon : des lieux de vie, d’amitié et de renaissance sociale

25 septembre 2025

Un enjeu lyonnais : l’isolement social chez les aînés

À Lyon comme partout en France, la question de l’isolement social des personnes âgées interpelle. Selon la Fondation de France, une personne sur quatre de plus de 75 ans déclare voir peu ou pas de proches chaque semaine (Fondation de France, 2020). Dans la Métropole, le nombre de seniors augmente, avec près de 140 000 personnes de plus de 65 ans résidant à Lyon et ses environs (source : INSEE, 2021). Derrière ces chiffres, des réalités humaines : rupture du lien intergénérationnel, veuvage, mobilité réduite.

Face à ce défi, les acteurs locaux, collectivités, associations et citoyens, se mobilisent. Parmi les réponses, les clubs de loisirs dédiés aux seniors se distinguent par leur capacité à raviver l’appétit du lien social chez les aînés.

Les clubs de loisirs : bien plus que des passe-temps

À Lyon, l’image du club du troisième âge poussiéreux appartient (souvent) au passé. De la Croix-Rousse au Point du Jour, du 6ᵉ arrondissement à Gerland, les clubs fleurissent sous des formats variés : salles municipales, maisons de quartier, associations de quartiers, structures privées ou à vocation solidaire.

Leur vocation ? Créer des espaces de convivialité, d’expression et de partage, fondés sur le plaisir d’être ensemble. Les activités proposées vont bien au-delà des jeux de cartes. À Lyon, on observe notamment :

  • des ateliers culturels (peinture, théâtre, écriture, chant)
  • des sorties-découvertes (visites de musées, balades patrimoniales, pique-niques le long des berges du Rhône)
  • des ateliers physiques adaptés (gym douce, yoga, danse en ligne, marche nordique…)
  • des activités numériques (initiation à l’informatique, ateliers de photographie sur smartphone)
  • des temps de rencontres intergénérationnelles (liens avec des écoles primaires, initiatives partagées avec de jeunes bénévoles).

Selon la Mission Lyon Ville Solidaire des Aînés, la ville compte plus de 200 clubs, associations ou espaces partagés dédiés au public sénior, en incluant les espaces municipaux et associatifs (source : annuaire Ville de Lyon).

Un rempart tangible contre l’isolement

Le fil rouge demeure la lutte, concrète et quotidienne, contre la solitude. Les études menées localement, comme l’enquête “Bien vieillir à Lyon” (Université Lyon 2, 2022), indiquent que près de 60 % des seniors engagés dans un club déclarent avoir élargi leur cercle d’amis suite à leur inscription.

Plus encore, ces lieux sont vécus comme une deuxième famille, une “bulle d’oxygène” pour des seniors parfois frappés par un événement difficile (perte d’un conjoint, maladie, déménagement). Plusieurs témoignages recueillis lors des ateliers à la Maison des Aînés et de la Culture (3ᵉ arrondissement) éclairent : “Sans le club, mes semaines seraient très longues”, confie Jacqueline, 81 ans. “C’est ma première sortie après-midi, j’espère que ce ne sera pas la dernière !”, rit Marcel, néophyte et tout juste retraité.

Des impacts concrets sur la santé physique et morale

Le bénéfice des clubs ne s’arrête pas au sourire retrouvé. Les impacts sanitaires positifs sont bien documentés :

  • Maintien de l’activité physique : Selon l’Observatoire Régional de la Santé Auvergne-Rhône-Alpes (ORS ARA, rapport 2023), 84 % des membres actifs d’un club lyonnais pratiquent chaque semaine une activité physique organisée, au lieu des 57 % pour la population âgée hors structures.
  • Prévention cognitive : Ateliers mémoire, jeux d’esprit ou débats stimulent l’intellect. Les membres réguliers affichent un moindre déclin cognitif selon les évaluations réalisées par le Centre Mémoire de Ressources et de Recherche des HCL (projet “Cerveau actif”, 2019).
  • Amélioration du moral : La participation à des temps collectifs réduit significativement les signaux dépressifs chez les plus de 70 ans (source : « Bien Vieillir à Lyon », Université Lyon 2, 2022), grâce à la valorisation de l’estime de soi et à la reconnaissance du groupe.
  • Accès à la prévention santé : Ces clubs sont fréquemment le tremplin vers des actions plus larges : dépistages itinérants (vue, audition), séances sur la nutrition, conférences sur le maintien de l’autonomie, etc.

Le réseau Atout Age Rhône-Alpes estime qu’une personne âgée intégrée dans un club a moins recours aux consultations d’urgence, un marqueur discret mais fort d’une meilleure santé globale.

Des clubs ouverts : diversité et accessibilité à l’échelle lyonnaise

Une particularité lyonnaise : le maillage territorial. Il existe des clubs municipaux gratuits ou à participation symbolique – par exemple, le réseau “Soleil d’Automne” porté par le Centre Communal d’Action Sociale (lyon.fr) propose plus de 20 clubs, animés par des salariés et bénévoles, sans sélection sociale. D’autres associations, laïques ou confessionnelles, comme les Petits Frères des Pauvres, O’Quai du Bonheur ou le Foyer Protestant, accueillent sans condition.

Pour répondre à la diversité des seniors (âge, mobilité, langue, envies !), certains clubs se spécialisent :

  • Clubs itinérants, qui se déplacent d’une résidence à l’autre, pour aller vers les personnes à mobilité réduite (ex : “Solidarité Seniors sur les Quais”)
  • Groupes spécifiques par centre d’intérêt : clubs de marche nordique le samedi au Parc de la Tête d’Or, groupes “cinéphiles seniors” dans les MJC
  • Initiatives dédiées aux seniors issus de la diversité, avec des ateliers en langues d’origine ou des cuisines partagées aux saveurs des quatre coins du monde (ex : association Tissage et Partage à Vénissieux).

L’ouverture s’incarne jusque dans les liens créés avec les jeunes générations, par le biais de projets scolaires ou d’accueil de volontaires en service civique.

Quelques repères lyonnais pour franchir le pas

Pour une personne âgée ou son entourage, franchir la porte d’un club peut rester intimidant. Plusieurs structures lyonnaises proposent un accompagnement, voire une “marraine d’accueil” pour les premières séances. Des permanences sont ouvertes chaque semaine où l’on peut rencontrer animateurs et bénévoles sans inscription.

  • La plateforme “Parcours Seniors” (services.lyon.fr) recense les clubs et activités, filtre par arrondissement directement pour une recherche simplifiée.
  • La téléassistance municipale, souvent un relais pour orienter vers les clubs proches du domicile, en cas de problématique d’isolement repérée (voir dispositif “Lyon en Direct”, pour les plus de 75 ans).
  • Le CLIC Gerland-Bellecour propose des portes ouvertes deux fois par an, avec démonstrations des activités et rencontres instantanées avec des adhérents.

À noter : plusieurs clubs lyonnais s’adressent aussi aux proches aidants, qui y trouvent réconfort et réseau, un bénéfice double pour les familles concernées.

Des expériences, des visages, des histoires

Chaque club est à l’image de ses membres : vivant, unique, modelé par les personnalités qui le composent. À la MJC Montchat, la chorale “Plein Vent” compte dans ses rangs des anciens profs de musique, des voisins, des curieux. Lors de la fête annuelle, on ne compte plus les éclats de rire autour du buffet et les discussions qui naissent… jusqu’à la prochaine fois !

“J’ai retrouvé l’envie de sortir. On partage, on échange, on apprend aussi beaucoup sur la ville…”, témoigne René, ancien artisan du quartier de Monplaisir, aujourd’hui président bénévole de son club.

Pour aller plus loin : l’avenir des clubs de loisirs seniors à Lyon

Les besoins évoluent : nouveaux formats (balades connectées, pool de covoiturage entre membres), adaptation numérique (groupes WhatsApp ou newsletters mensuelles pour garder le contact, même entre deux rencontres physiques), implication d’un plus large public.

Les professionnels du secteur alertent cependant sur les inégalités d’accès : seniors isolés en institution, personnes âgées dépendantes qui ne peuvent rejoindre les groupes. La ville de Lyon, en partenariat avec des bailleurs sociaux, expérimente depuis 2022 des “clubs de résidence” directement implantés dans les EHPAD ou résidences autonomie.

Enfin, les clubs jouent un rôle de veille : ils repèrent, relaient, signalent une difficulté ou une détresse à un professionnel, ce qui peut permettre un accompagnement précoce et éviter les ruptures brutales de parcours de vie.

La vitalité des clubs de loisirs seniors à Lyon reste l’un des piliers discrets – mais profonds – de la solidarité urbaine envers ses aînés. Ces structures, souvent portées par des bénévoles passionnés, rappellent que vieillir, c’est aussi rester relié, créer, s’émouvoir et partager pleinement la ville.

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